ParticularitéHybride majoritairement jötunn, n'a aucune idée de son pendant einheri et pense être hybride humaine. Son
orgueil exacerbé n'est pour elle que l'expression normale d'un fort caractère. Son ascendance, liée à
Thor, lui confère un pouvoir lié à la foudre dissimulé derrière sa capacité jötunn à invoquer des tempêtes. Elle n'a jamais été confrontée au Bifröst et n'a, de fait, jamais pu constater sa capacité à le voir.
Complexée par les cheveux sombres qu'elle a hérités de son père, elle fait de son mieux pour les masquer via des teintures ou décolorations pour paraître plus jötunn. Sa couleur naturelle revient irrémédiablement à chaque fois, lui rappelant qu'elle ne sera jamais complètement comme ses pairs.
Elle a un faible pour les fruits issus du monde mortel. Quel qu'il soit, lui ramener un tel mets permet de l'adoucir pour quelques heures, jusqu'à ce qu'elle oublie le geste et se remette à considérer la personne du haut de son égo.
HistoireJ'ai rencontré Selka à ma demande, suite aux rumeurs selon lesquelles une jötunn avait donné naissance près du quartier des âmes. Je la savais descendante de la lignée des pleutres, ceux qui n'ont pas eu le cran de commander aux humains pendant l'Assaut de Surt. Mais quelles que soient les erreurs de nos aïeux, aucun jötunn ne devrait vivre dans un endroit aussi crasseux, à plus forte raison une jötunn bénie de fertilité. A l'époque, elle m'avait assuré n'avoir eu qu'une seule aventure avec un jötunn dont elle a refusé de dévoiler l'identité. J'ai alors songé qu'il devait s'agir d'un homme déjà engagé ailleurs et je n'ai pas tenté d'en apprendre plus.
Aujourd'hui, après des années de mariage, je connais mieux Selka. J'ai ramené le sujet à l'ordre du jour et j'ai décelé le mensonge dans le tressautement de ses commissures et l'hésitation de ses mots. J'ai obtenu la confirmation que le père n'était pas un jötunn, mais un inconnu parmi tant d'autres. Sa grossesse n'a jamais été due à une fertilité incroyable, mais à un hasard répondant aux lois de probabilité.
Théorie : Selka a multiplié les aventures dans l'unique but de tomber enceinte et faire croire qu'elle était fertile.
Je ne sais pas encore si je suis en colère d'avoir été berné ou impressionné par ce dont ma femme est capable.
Une note a été ajoutée a posteriori dans la marge :
Explique son désintérêt soudain pour Aevi dès que le mariage a été conclu
Aevi laissa tomber le carnet de notes personnelles du mari de sa mère. Les mots qu'elle venait de lire étaient douloureux, mais lui semblaient familiers. Elle savait tout cela depuis longtemps, elle l'avait compris, sans jamais mettre des mots sur son sentiment. Sa seule valeur était celle que sa vie avait apportée à Selka. Rien de plus.
Ce n'était pas la seule chose qu'Aevi avait toujours su. Ses cheveux noir de jais étaient la marque d'une impureté dans son sang, la preuve d'une moitié sale, que son père biologique lui avait léguée. Elle avait espéré en apprendre plus sur le compte de l'humain à qui elle devait cette tare, mais le carnet de son beau-père était difficilement lisible, plein de notes raturées, renvois impossibles à suivre et schémas tordus.
Elle n'eut pas le temps d'en poursuivre la lecture que des pas s'approchèrent. L'adolescente remit précipitamment le carnet dans sa cachette et s'enfuit du bureau avant qu'on l'y trouve. Lorsqu'elle revint quelques jours plus tard, elle eut beau manipuler le double-fond du tiroir à plusieurs reprises, le carnet avait disparu.
Quelqu'un a lu mes notes. Je dois me montrer plus prudent et m'épancher moins explicitement.
Aevi n'était pas une enfant facile, menant une existance misérable aux serviteurs humains qui s'occupaient d'elle à la place de ses parents. Réalisant qu'il ne s'agissait pas d'un impératif empêchant ces derniers de lui accorder du temps, mais d'un désintérêt, elle se déchaîna plus encore sur les serviteurs. On la menaçait couramment de faire remonter ses caprices aux oreilles du conseiller, époux de sa mère, sans réaliser qu'on lui servait ainsi ses volontés sur un plateau d'argent.
Faire du bruit. Déranger. C'était sa façon de prouver son existence.
Note : Garder un oeil sur la fille de Selka. Elle ne peut pas être éduquée par des humains.
Petit à petit, son beau-père se mit à s'intéresser à elle. D'abord à distance, demandant de plus en plus de rapports sur son comportement. Puis directement, en lui accordant du temps et en tâchant de lui transmettre son éducation. Aevi feignait de ne pas l'écouter et ne pas s'intéresser à ses discours, tout en dévorant secrètement cette attention nouvelle qu'on lui accordait. Derrière son indifférence affichée, elle ne laissait pas le moindre mot se perdre. Son mentor avait très bien compris qu'elle était réceptive à son éducation et semblait presque en tirer une fierté paternelle.
Il la poussait souvent dans ses retranchements, venait titiller ses nerfs, tout ça pour l'observer avec une curiosité scientifique et une patience déconcertante. Aevi était l'élève, mais c'était lui qui prenait des notes secrètes, dans son fameux carnet, à la fin de leurs échanges.
Théorie : A = Einheri.
Envie ? Colère ? Orgueil ?
Test du Bifröst ? Comment ?
Note : Ne rien révéler pour l'instant. Hybride einheri = possible atout majeur.
En plus des savoirs et de la bienséance qu'il lui transmettait, il lui apprit aussi l'importance du statut, la hiérarchie qui existait entre les créatures, ainsi que la haine qu'il était bon de porter à ses inférieurs. Les humains, tout particulièrement, qui entouraient Aevi depuis son enfance. D'ailleurs, il était regrettable qu'une jötunn comme elle fréquente des âmes aussi insignifiantes. Elle appliqua ses conseils à la lettre.
J'ai retrouvé Aevi pleine de sang. Couteau à la main. Celle qu'elle m'avait désignée comme son « amie humaine », la fille d'Alice, inerte sur le tapis qui se gorgeait de rouge. Elle n'avait même pas l'air choqué. Presque fière, attendant que je la félicite pour son acte. Personne ne lui a jamais expliqué comment nous fonctionnions. Personne ne l'a jamais prévenue des conséquences d'un tel acte.
J'ai tout fait disparaître. Ce n'était qu'une humaine, mais Aevi est déjà une curiosité pour la société, une enfant hybride qu'on garde cloîtrée car son caractère ne permet pas de l'exposer au monde. Autant ne pas multiplier les étiquettes. J'ai beau l'avoir éduquée de mon mieux, elle ne sera jamais intégrée pleinement à ce monde. Dehors, ils attendent tous son entrée en société. Son rituel.
Il va falloir le préparer finement. Attendre quelques années sans laisser son immortalité être remarquée. Trouver quelque chose pour justifier un petit comité.
Malgré les appréhensions du conseiller, Aevi fut finalement plongée dans le grand bain de la vie sociale dès son rituel accompli. Gamine ayant à peine atteint la vingtaine sous des traits dix ans plus âgés, elle se fit remarquer dès la première réception à laquelle elle assista. Si son comportement déplût au plus grand nombre, d'autres saluèrent sa franchise.
Usant de l'influence de son beau-père, elle obtint même un poste de fonctionnaire à la gestion des imports ; rien de bien palpitant, puisque son occupation se résume à la gestion et à la répartition des biens récupérés depuis le monde mortel. Mais elle y prend beaucoup de plaisir, surtout lorsque les commandes de ceux qu'elle déteste « disparaissent sans explication ».
Dernière note du carnet du conseiller, avant qu'il ne décide de l'abandonner aux flammes.Selka n'a jamais voulu infirmer ou confirmer ma théorie. Personne d'autre n'est au courant. Je n'ai jamais révélé à Aevi ce que je supposais de sa véritable nature. Je sais qu'en l'état, elle ne nous trahirait jamais.
Mais quelles seraient les conséquences d'une telle annonce ? Elle a, par le passé, chercher des réponses concernant son géniteur. Elle est jeune, influençable. Qu'arriverait-il si ce dernier refaisait surface ?