Prendre de la hauteur
TW : aucun
The sun paints hills and hillocks,
hollows, halls, swards
Hills and dwellings scatter light
lifts the soul from torpor.
Les mondanités sont légion à la citadelle, et je dois avouer adorer cela depuis ma plus tendre enfance. Ranveig nous laissait à l'écart, car deux humaines, étrangeté gémellaire, nous n'étions pas présentables à la cour. Ni ses filles, ni promises à quelconque place au sein des notables de la ville.
Depuis mon union au jarl, je n'avais plus à jouer de ruse pour espérer assister aux rencontres entre les grands de ce monde. Je vivais dans leur luxe, à la même opulence, dans le même esprit. Malgré ma vision étriquée d'humaine, je n'en reste pas moins considérée comme une personne de valeur. Une valeur réduite à mon union et aux héritiers que j'ai porté pour la lignée. Mais estimée quand même. C'est beaucoup pour une humaine à Everlasting.
Comme il arrive de temps à autre, les familles de Jarlar et quelques conseillers se réunissent. De quoi renforcer les liens et aider à la communication. S'ils parlent souvent de leurs tâches respectives, des plans à venir, de leurs mérites et des défauts à combler, c'est avant tout une réception festive. Cette fois-ci, nous avions à disposition une halle sur les hauteurs de la falaise qui domine le port. Ce n'est pas très facile d'accès, mais de longues marches permettent une ascension facilitée.
À l'intérieur, trois scaldes, sans doute humains, jouent de la musique et entonnent discrètement quelques chants. Un feu rayonnant réchauffe et illumine la halle. Autour, plusieurs tables de bois et des assises confortables. Des mets sont disposés, avec bien sûr, plus d'hydromel qu'il n'en faut ! Derrière un plancher légèrement surélevé, une épaisse tapisserie permet à qui le souhaite, de s'isoler. Le tout est assez rustique, loin du luxe du bastion d'Utgard, mais le confort est amplement présent pour que chacun puisse apprécier cette soirée.
Lorsque nous arrivâmes, il y a déjà plusieurs convives présents. Nous sommes lestés de nos épais manteaux peau par deux serviteurs. Ils n'ont pas l'air d'être envoûtés, ce qui me décroche un sourire rassuré. Il faut dire que je ne suis pas très à l'aise. Mais ça viendra sans doute avec un peu de chaleur et de boisson... Je reste accrochée au bras de mon époux, qui bâcle les quelques salutations de circonstance avant de s'installer pour se servir une bonne choppe d'hydromel. « Skol ! » Retentit dans la halle en écho. Il me tend sa choppe, que je saisis à deux mains pour boire une grosse gorgée. Mes yeux se plissent sous l'intensité du miel et de sa fermentation appuyée. Je la lui rends en affichant un sourire gêné. Bien que cet alcool soit doux, je n'y suis pas habituée.
J'essuie discrètement mes lèvres, toujours debout derrière mon époux. Je ne suis pas intéressée plus que cela par les échanges qu'il a avec son voisin de tablée. Les questions politiques ne m'intéressent qu'en grandes lignes, il y a des détails plus fonctionnels dont je ne saisis aucunement l'intérêt. Mon regard distrait balaye l'assemblée et s'arrête sur une femme, étrange, mystique, une völva que, de souvenir, je n'ai jamais eu l'occasion d'approcher.
@Liv & @Helja Vespaïnen