(FB année 3013) Une nuit inoubliable //Herkja Solvidottir
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Dagmar Vespaïnen
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Une nuit inoubliable
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Quelle fierté. J'aurais pu en déborder jusqu'à en devenir totalement imbuvable, mais le contexte me bridait, littéralement. Il fallait dire qu'une nouvelle des plus troublantes, pour ne pas dire, très agaçante, était venue bousculer la maisonnée familiale.
Ma jumelle, Helja, portait la vie. Mais voilà, le père, ce foutu Jarl, la délaissait complètement depuis l'annonce. Un comportement qui me donnait des envies de meurtres et qui me brisait le coeur lorsque je croisais le regard de ma moitié qui était forcée par Ranveig de rester à la maison. Bonne idée dans un sens car il valait mieux garder un oeil sur elle, toutefois... je pressentais le pire... Et ça me donnait une mine bien maussade.
Ainsi, et lorsque ma première mission en tant qu'Huskarl fut d'être en surveillance dans les geôles, je ne cherchai même pas à comprendre et décidai de suivre les ordres, sans réfléchir. Et puis, faire face à des prisonniers, ce n'était pas bien compliqué, non ?
Quelle sombre idiote j'étais.
Le pas décidé, la mâchoire serrée, les soupirs donnant un rythme à ma marche, je me retrouvai rapidement dans "l'antre des voyous". Peu encline à la discussion, la patience ou encore à la moindre des "politesses", j'affichai clairement un faciès arrogant, les traits tirés par l'agacement et un certain épuisement. La sensation d'être une bombe au bord de l'explosion me donnait envie de me défouler, de craquer, quitte à me blesser. Comme si la douleur avait le pouvoir d'apaiser ma rage...
* Non faut juste qu'on vienne pas m'faire chier. *
Pensée réelle, car je me sentais déjà dépassée par la situation... et que je refusais de me mettre à chialer comme une gamine face à un trop-plein de colère accumulée qui allait vouloir se mettre à tout casser. C'était honteux, vraiment, et à chaque fois c'était toujours bien compliqué de me faire redescendre. Je travaillais d'ailleurs ce côté de ma personnalité avec Ranveig... Inspirer, expirer, rester calme, penser aux conséquences, trouver un moyen de déverser ce sentiment venimeux autrement...
J'allais tenir et puis de toute manière qu'est-ce qu'il pouvait bien se passer dans les geôles ?
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“La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l'âme, si elle n'échauffe le coeur ; elle doit donc nous servir,
non comme chef, mais comme soldat.”
Herkja Solvidottir
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Une nuit inoubliable
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Des runes griffonnées au silex contre le sol fait de pierre et de poussière. À mes lèvres s'entremêlent des incantations de dissociation et de rêve. Psalmodiant dans l'ombre, je n'avais cure des promenades de huskarlar qui faisaient leurs rondes.
Toutefois, je fus étonnée du choix de cette nouvelle patrouille en place. Une humaine. On les sent. On les voit. On a sur eux cette ascendance qu'ils ne pourront jamais avoir sur nous. Leur seule force ? Cette capacité frénétique à se reproduire comme les rats. Ils prolifèrent sans cesse, comme s'ils pressentaient la menace que des créatures telles que nous représentions pour leur pérennité.
Ridicules petits être faits à partir de si peu... Leur seul mérite est de distraire les dieux. De nous distraire.
Mes incantations saupoudrées par les gémissements de mon voisin de cellule passent inaperçue devant la petite créature qui s'avance pour prendre son poste. J'ai quitté la poussière pour les barreaux. Je connais cet endroit par trop de détails pour être considérée comme une honnête jötunn. Je connais les visages des huskarlar.
Mais pas le sien. Je la toise, la scrute. Et je me sens de l'envoûter, comme tout être d'Everlasting doit aimer le faire à ces petites choses que sont les humains.« Ouvre-moi, toi qui as la clé, ouvre-toi à ma foi et ma peine, petite humaine. Soit la clé qui escorte en secret les âmes au dehors de ces murs » , soufflai-je l'envoûtement en m'attendant à la voir venir vers moi, déverrouiller la cellule et m'aider à sortir de ce trou. Car tels sont les humains : obéissants à notre volonté. Leur faiblesse d'esprit est le gage de leur servitude. Celle qu'ils nous doivent.
Mon regard se fait oblique, mystique, les lèvres entrouvertes, salivant de voir l'humaine s'approcher sans savoir ce qu'elle faisait.
Toutefois, je fus étonnée du choix de cette nouvelle patrouille en place. Une humaine. On les sent. On les voit. On a sur eux cette ascendance qu'ils ne pourront jamais avoir sur nous. Leur seule force ? Cette capacité frénétique à se reproduire comme les rats. Ils prolifèrent sans cesse, comme s'ils pressentaient la menace que des créatures telles que nous représentions pour leur pérennité.
Ridicules petits être faits à partir de si peu... Leur seul mérite est de distraire les dieux. De nous distraire.
Mes incantations saupoudrées par les gémissements de mon voisin de cellule passent inaperçue devant la petite créature qui s'avance pour prendre son poste. J'ai quitté la poussière pour les barreaux. Je connais cet endroit par trop de détails pour être considérée comme une honnête jötunn. Je connais les visages des huskarlar.
Mais pas le sien. Je la toise, la scrute. Et je me sens de l'envoûter, comme tout être d'Everlasting doit aimer le faire à ces petites choses que sont les humains.
Mon regard se fait oblique, mystique, les lèvres entrouvertes, salivant de voir l'humaine s'approcher sans savoir ce qu'elle faisait.
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Au loin je vois,
l'amer destin victorieux
Les frères se combattront et s'entretueront. Les parents souilleront leur propre descendance. Yggdrasil frissonne, le frêne au vieux tronc frémit.
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Mes pas raisonnaient dans les geôles, la tête haute, la mine arrogante, je traçais mon chemin, sans aucun regard pour les pourritures derrière les barreaux qui méritaient leur sort. J'étais sûre de moi, sans doute un peu trop, mais aussi persuadée que cette mission n'était pas vraiment à la hauteur de mes ambitions.
Quelle jeune Huskarl naïve.
Il avait suffi d'un seul échange de regard pour me piéger, moi, la novice qui avait été envoyée ici et qui n'avait pas réfléchi au pourquoi du comment. Face à la jötunn aux airs complètement déjantés, j'avais arrêté ma course, persuadée de la remettre à sa place en usant de paroles emplies de haine. La bonne blague.
Dès lors où j'avais perçu sa voix, j'avais compris. Cette saloperie allait m'envouter. Mais au lieu de tenter de fuir pour ne plus l'entendre, portée par la rage et sans réfléchir à ma condition, j'avais fait route vers la cellule en commençant à pester un léger "N'essaie même pas espèce de sale péta-"
Incapable de terminer mon insulte, je m'étais figée. L'esprit embrumé, seulement guidé par cette femme flippante qui me demandait d'aller la libérer. Tout simplement.
Avoir conscience légèrement de ses gestes tout en étant immobilisée, quelle sensation désagréable et agaçante... J'avais envie d'hurler, d'exploser, de réduire cette sale peste en bouillie, mais je n'en fis rien du tout. La mâchoire serrée, l'oeil qui se voulait noir, j'attrapai les clés puis allai ouvrir la porte en silence.
"Va. te. faire. foutre." crachai-je non sans douleur entre mes dents alors que j'attendais patiemment qu'elle sorte pour la conduire vers l'extérieur.
Car oui, c'était ma mission, mon esprit était focalisé dessus. Je devais la mener vers la sortie, sans rien pouvoir faire, sans hurler, sans alerter les autres... Ces autres qui m'avaient assignée à cette tâche... Comme par hasard.
À tous les coups, ce n'était pas la première fois que cette folle fréquentait les lieux... Ça sentait le piège à plein nez... Et moi, j'étais tombée dedans de la manière la plus humiliante du monde. Il était bien loin, mon air assuré et arrogant... Voilà qu'on me rappelait bien ma condition d'humain manipulable à souhait.
C'était violent.
J'allais devoir en retirer une leçon, de tout ça, si bien sûr, j'arrivais à me sortir de ce bourbier. Ce qui n'était franchement pas gagné...
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On pourrait croire qu'être enfermée est un refuge. Quelque part, ça l'est. Un côté nostalgique du temps où on me maintenait en cage. J'étais bien plus sauvage, à l'époque. La citadelle m'a assagie, et je n'aime pas trop ce changement. Mais pour survivre, il faut savoir s'adapter. Une adaptation toute relative qui me donne souvent une raison d'être envoyée dans ce trou. Sauf que cette fois-ci, de nouveaux visages. Autre chose.
Une humaine.
Une erreur.
Une proie.
Je la sens fébrile, sensible et prête à l'implosion. Je m'en délecte, sourire jusqu'aux oreilles en m'approchant un peu plus de la grille dans l'espoir de sentir le souffle de ses mots caresser mon visage. Sa violence, sa colère, c'est inspirant ! Sait-elle ce qui me fait vibrer ? Non, pure coïncidence que je savoure avec un plaisir tout dévoilé.
Les humains sont d'ordinaire si éteints et contraints qu'ils en sont chiants et ennuyants. Cette huskarl a l'air de tout, sauf d'être ennuyante.
Esclave de sa condition, esclave de mes mots, son élan est tristement arrêté. Sans lâcher mon sourire, ma langue caresse mes dents affichées alors qu'elle déverrouille le loquet. Elle ne devait pas être souvent altérée, vu la persistance de son regard malgré l'envoûtement. C'était d'autant plus savoureux ! Cette frustration qui la consumait de l'intérieur, à lutter contre les gestes mécaniques qui obéissaient à ma volonté. Je pouvais faire ce que je voulais d'elle, voilà une idée qui semblait la révulser.
Cette semi-conscience révélait un esprit et une volonté des plus remarquables ! J'en trépignais d'intérêt, mordant ma lèvre en quittant ma cellule. Mon corps frôlant le sien, mon visage si proche du sien. Je l'arrête dans ses gestes, la plaque contre les barreaux et sors du pli de ma tunique deux graines.« Mange, en récompense de ta dévotion, humaine » , dis-je en lui maintenant le menton pour m'assurer qu'elle mange et avale ce que je lui ai donné. Mes lèvres à quelques millimètres d'embrasser les siennes. D'un sourcil arqué et un mouvement des yeux, je l'encourage à la suite : me faire sortir.
Mais un bruit dans le couloir me met en alerte. Je recule tout en subtilisant une arme à disposition de la huskarl. Réflexe. Un soupir.« Tu te ramollis avec le temps, Herkja ! On commençait à croire que la nouvelle t'avait coupé la langue » , s'exclama un des huskarl qui avait, lui, bien plus l'habitude de me croiser. Une moue vaincue, mais pas boudeuse, sourire perfide et yeux plissés. « Et ta vie est toujours si ennuyante que tes farces deviennent de plus en plus insipides » , dis-je sans en penser un mot.
Après tout, je ne peux qu'approuver la façon dont il remet à sa place les humains qui parviennent à obtenir une place dans la garde. D'où ces êtres inférieurs peuvent prétendre à avoir autorité sur nous, les immortels ?« Libère-la et retourne dans ta cellule. Même sans envoûtement, je suis sûr que tu sauras t'amuser avec notre nouvelle amie » , commande-t-il en jetant un œil perfide à sa camarade. Mes yeux roulent dans leur orbite, un peu déçue, mais coopérative. Il n'y aura pas de remise de peine pour cette nuit. D'un mouvement de la main face à la huskarl, je lève l'envoûtement et rentre sagement dans la cage.
Visage collé entre les barreaux, regard insistant sur la nouvelle. Sourire mesquin aux lèvres. D'ici à une heure tout au plus, effectivement, je vais m'amuser. Et elle aussi.
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Je la sens fébrile, sensible et prête à l'implosion. Je m'en délecte, sourire jusqu'aux oreilles en m'approchant un peu plus de la grille dans l'espoir de sentir le souffle de ses mots caresser mon visage. Sa violence, sa colère, c'est inspirant ! Sait-elle ce qui me fait vibrer ? Non, pure coïncidence que je savoure avec un plaisir tout dévoilé.
Les humains sont d'ordinaire si éteints et contraints qu'ils en sont chiants et ennuyants. Cette huskarl a l'air de tout, sauf d'être ennuyante.
Esclave de sa condition, esclave de mes mots, son élan est tristement arrêté. Sans lâcher mon sourire, ma langue caresse mes dents affichées alors qu'elle déverrouille le loquet. Elle ne devait pas être souvent altérée, vu la persistance de son regard malgré l'envoûtement. C'était d'autant plus savoureux ! Cette frustration qui la consumait de l'intérieur, à lutter contre les gestes mécaniques qui obéissaient à ma volonté. Je pouvais faire ce que je voulais d'elle, voilà une idée qui semblait la révulser.
Cette semi-conscience révélait un esprit et une volonté des plus remarquables ! J'en trépignais d'intérêt, mordant ma lèvre en quittant ma cellule. Mon corps frôlant le sien, mon visage si proche du sien. Je l'arrête dans ses gestes, la plaque contre les barreaux et sors du pli de ma tunique deux graines.
Mais un bruit dans le couloir me met en alerte. Je recule tout en subtilisant une arme à disposition de la huskarl. Réflexe. Un soupir.
Après tout, je ne peux qu'approuver la façon dont il remet à sa place les humains qui parviennent à obtenir une place dans la garde. D'où ces êtres inférieurs peuvent prétendre à avoir autorité sur nous, les immortels ?
Visage collé entre les barreaux, regard insistant sur la nouvelle. Sourire mesquin aux lèvres. D'ici à une heure tout au plus, effectivement, je vais m'amuser. Et elle aussi.
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Une marionnette. Je n'étais rien d'autre qu'une saloperie de poupée de chiffon entre les mains de cette folle. Oh, j'espérais qu'elle allait se tirer pour pouvoir la traquer sans relâche et lui faire payer ce moment humiliant. Cependant, la prisonnière et son grain décidèrent de prolonger le moment, pour mon plus grand déplaisir.
Sentir ses lèvres moqueuses si proches des miennes, ou avaler naturellement ses trucs sortis de sa cachette, je n'arrivais pas déterminer ce qui avait été le pire. Je jurais intérieurement de me venger, d'elle, et de ce crétin qui décida d'intervenir sans pour autant m'aider. Car oui, mes "collègues" m'avait eue en m'envoyant ici. Oh, eux aussi, ils allaient trinquer... D'autant plus qu'on me laissa littéralement à la merci de la jötunn psychopathe après lui avoir intimer de relâcher mon esprit et retourner dans sa cellule.
*Ça allait être marrant, hein ?*
Je ne savais pas contre qui je ressentais le plus de haine. Envers cette tarée ou bien ce Huskarl ? Les deux ne valaient pas mieux l'un que l'autre, alors, lorsque je fus enfin libérée de mes chaînes invisibles, j'allais me jeter comme une furie contre la porte de la cellule qui venait de se refermer derrière la folle.
" Oh toi, t'inquiète, tu vas m'le payer cher, très cher. Pétasse. J'vais..." pestai-je comme une furie avant de m'arrêter face à un rire... un rire qui semblait résonner dans les geôles. "Qu'est c'que... ?"
Ma tête avait tourné, un peu comme le décor, pour laisser place à l'homme que je haïssais le plus en ce moment. Viggo Afnarsson. Il était là, à s'esclaffer. Pourquoi ?
"Tu l'as appelé ?" lançai-je alors sans réfléchir avant de reporter mon attention sur le centre de la cellule qui renfermait non plus l'ensorceleuse mais... ma soeur ? "Helja !!!"
Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Et c'était quoi cette prison étrange ? Tout bougeait et vacillait au point de me donner le tournis...
"J'vais t'sortir de là !!?" lui criai-je avant de me rendre compte que les barreaux se transformaient en mur... "NON ! NOOOOOONNN !!!" Hurlai-je finalement en tapant dessus sans ressentir ne serait-ce qu'une once de douleur. "HELJAAAAAA !!!"
Le rire, le Jarl, le mur, ma soeur... Ma tête se mit à tourner, encore, et encore... Reculant de quelques pas, les mains en sang, j'attrapai ma tête et fermai les yeux. Il fallait que le cauchemar prenne fin, je n'en pouvais plus...
* Stop stop stop stop stop stop...*
Alors, contre toute attente tout s'arrêta. D'un coup.
La bouche sèche, la vision devenue floue, je titubais au milieu du couloir, cherchant une âme vivante... Le Jarl avait disparu, tout comme ma soeur... Non, à présent, au coeur de la cellule, il y avait... une femme... une femme dont les traits me parlaient sans pour autant me donner son identité.
Durant un court instant, je l'observai d'un oeil vitreux... Puis, poussée par une soudaine envie de la voir de plus près je m'avançai...
"Est-ce que tout va bien ?" fit-elle d'une voix qui résonna dans mon esprit.
* Mère ? *
Pourquoi est-ce que je pensais ça d'un coup ? Je n'en savais rien. Mais pousser par une force invisible, j'allai saisir ses mains avec douceur, puis rapprochai mon visage des barreaux. Je voulais être sûre, je voulais qu'elle s'avance à son tour, au plus proche.
Mais alors, la danse des pavés ralentit, tout comme les sensations étranges qui rendaient le sol duveteux et mou... C'était comme si... tout s'arrêtait... pour permettre un retour à la réalité qui allait être aussi violent que mémorable...
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L'impuissance des humains à Everlasting a quelque chose de fascinant. Je n'ai pas souvenir, de toute mon immortalité, avoir un jour eu de la pitié pour une de ces créatures manipulables ou ouvertement manipulées. Si c'est souvent pris comme un jeu, tous conscients de la facilité déconcertante avec laquelle nous sommes capables de leur faire faire les pires ignominies ici et dans leur monde, ça reste grave. Non pas que nous abusions d'eux, mais d'à quel point il pourrait être facile de contrôler une de ces marionnettes pour renverser toute l'histoire.
Les jötnar l'ont déjà fait. Grâce aux humains, ils ont gagné l'Assaut de Surt. Et j'ai pu être libérée. Enfin... Libérée avec un grand L. Car cette nuit, je ne vole pas bien loin.
Rappeler à ces êtres leur infériorité et leur faiblesse pourrait leur rappeler qu'ils n'ont pas leur place ici. Qu'ils sont dangereux pour nous comme pour eux-mêmes. Surtout pour eux-mêmes. Mais la huskarl force mon sourire dédaigneux à enrager. Je m'en mordillai la lèvre inférieure, me délectant de cette bassesse égoïste avec laquelle l'humaine dessinait ses plans. Des mots doux furent échangés sous mon regard mielleux. Mais je ne ressentais aucune flatterie. Il n'y a pas de fierté à avoir attisé la colère de cette humaine déjà bien à cran. Mais ça reste une petite ennemie quand même, alors tout n'est pas perdu.
Qu'ils sont dangereux... ces pantins capables de concrétiser le moindre de nos désirs... Si je lui susurrais d'aller tuer le roi, nul doute qu'elle mettrait tout en œuvre pour se mettre à exécution. Quitte à ce que ça lui coûte sa propre vie. Quitte à ce qu'elle réussisse et que tout le royaume sombre dans la zizanie... Je n'aime pas les humains. Mais d'ordinaire, je passe simplement mon chemin. Or là, elle est huskarl. Et je m'ennuie.
Rapidement, le brouillard de son esprit se lut dans son regard. La huskarl interrompit ses menaces. J'observais, restant contre cette grille qui ne nous séparait qu'en théorie. Elle se mit à hurler : Helja. À frapper, s'agiter, paniquer. La pauvrette faisait un bien mauvais voyage. Quel dommage... Ironique. Tant mieux. Qu'elle se blesse, se moleste, comprenne que sa place n'était pas parmi les gardes de la citadelle. Mais non. Elle s'accrocha aux barreaux dans une accalmie que j'épiai avec curiosité. Incapable de comprendre ce qui se passait dans sa petite tête d'humaine.
Elle posa ses mains sur les miennes, contre ces barreaux froids et austères. Ce contact me déconcerta. D'un mouvement de recul sans brutalité aucune, je retirai mes mains et perdis mon sourire. Mon regard la fixait toujours. Elle était loin, très loin. J'aurais aimé voir ce qui se déroulait devant ses yeux, comprendre ce tourbillon qui la saisissait. L'humaine avait l'air plus complexe qu'il n'y paraît...« Ne t'égares pas en si bon chemin, petite chose. Explore ce que les nornir murmurent à ton esprit. Que vois-tu ? » , chuchotai-je pour l'encourager à rester dans cet état second, à poursuivre cette quête qui semble être la sienne. Mon visage est captivé par le sien. Même si mes mains ne touchent plus les barreaux, je reste assez proche pour saisir chaque variation de ses traits, de sa déroute autant que de sa colère.
Les jötnar l'ont déjà fait. Grâce aux humains, ils ont gagné l'Assaut de Surt. Et j'ai pu être libérée. Enfin... Libérée avec un grand L. Car cette nuit, je ne vole pas bien loin.
Rappeler à ces êtres leur infériorité et leur faiblesse pourrait leur rappeler qu'ils n'ont pas leur place ici. Qu'ils sont dangereux pour nous comme pour eux-mêmes. Surtout pour eux-mêmes. Mais la huskarl force mon sourire dédaigneux à enrager. Je m'en mordillai la lèvre inférieure, me délectant de cette bassesse égoïste avec laquelle l'humaine dessinait ses plans. Des mots doux furent échangés sous mon regard mielleux. Mais je ne ressentais aucune flatterie. Il n'y a pas de fierté à avoir attisé la colère de cette humaine déjà bien à cran. Mais ça reste une petite ennemie quand même, alors tout n'est pas perdu.
Qu'ils sont dangereux... ces pantins capables de concrétiser le moindre de nos désirs... Si je lui susurrais d'aller tuer le roi, nul doute qu'elle mettrait tout en œuvre pour se mettre à exécution. Quitte à ce que ça lui coûte sa propre vie. Quitte à ce qu'elle réussisse et que tout le royaume sombre dans la zizanie... Je n'aime pas les humains. Mais d'ordinaire, je passe simplement mon chemin. Or là, elle est huskarl. Et je m'ennuie.
Rapidement, le brouillard de son esprit se lut dans son regard. La huskarl interrompit ses menaces. J'observais, restant contre cette grille qui ne nous séparait qu'en théorie. Elle se mit à hurler : Helja. À frapper, s'agiter, paniquer. La pauvrette faisait un bien mauvais voyage. Quel dommage... Ironique. Tant mieux. Qu'elle se blesse, se moleste, comprenne que sa place n'était pas parmi les gardes de la citadelle. Mais non. Elle s'accrocha aux barreaux dans une accalmie que j'épiai avec curiosité. Incapable de comprendre ce qui se passait dans sa petite tête d'humaine.
Elle posa ses mains sur les miennes, contre ces barreaux froids et austères. Ce contact me déconcerta. D'un mouvement de recul sans brutalité aucune, je retirai mes mains et perdis mon sourire. Mon regard la fixait toujours. Elle était loin, très loin. J'aurais aimé voir ce qui se déroulait devant ses yeux, comprendre ce tourbillon qui la saisissait. L'humaine avait l'air plus complexe qu'il n'y paraît...
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J'étais entre deux eaux. Je le sentais. Entre réalité et délire, mon esprit se perdait à la frontière, hésitant clairement de quel côté se lancer. Tout allait m'échapper, cette femme allait disparaître, comme par le passé, je le pressentais...
Pourtant une voix chuchota à mon oreille, une voix qui me replongea définitivement dans cette transe enivrante et douloureuse à la fois.
Car oui, ses traits, sa voix, cette chaleur... C'était elle, elle qui nous avait donné la vie à moi et à Helja, elle qui nous avait abandonnées à notre sort alors que nous n'étions que des petites sans défense... Nous avait-elle recherchées ? Non, je savais que non, car j'avais déjà enquêté...
"Pourquoi... Pourquoi..." commençai-je à gronder en serrant les barreaux de toutes mes forces. "Pourquoi nous avoir laissées dans cet endroit où des abrutis d'immortels nous prennent pour du bétail, hein ? " crachai-je alors en allant coller mon visage à la cellule.
J'avais envie de tout brûler, d'hurler à m'en déchirer les cordes vocales, de me vider de toutes mes forces parce que je me sentais à bout de nerf. Alors, poussée par une envie d'en découdre, je libérai une de mes mains afin d'attraper cette femme par le col et la tirer vers moi avec force.
"POURQUOIIIIII ?!" criai-je alors en tremblant des pieds à la tête.
Le souffle court, les larmes brûlant mes yeux, je commençai à resserrer mon étreinte... jusqu'à ce que des mots sortent enfin de la bouche de l'entité qui me faisait face.
"Tuée... on m'a... tuée... on m'a... tuée..."
"On t'a... tuée ?"
* Quoi ? *
"Tuée... on m'a... tuée... on m'a... tuée..."
L'état de la femme changeait à chaque fois qu'elle repérait cette phrase horrible. Du sang s'était mis à couler de sa bouche, puis de son nez, alors que je ne faisais rien hormis tenir ce qui ressemblait à un châle.
* Non *
Je voulais me reculer, la lâcher, alors que le liquide d'un rouge carmin commençait à recouvrir tout son corps. Mais ma main restait coincée.
"STOP LÂCHE MOIIII !!!" hurlai-je comme une folle en tirant de toutes mes forces.
Soudain, je fus libérée. Malheureusement, la surprise fut telle que mon corps bascula vers l'arrière et mes fesses allèrent rencontrer violemment le sol pavé des geôles.
Complètement à la ramasse et sous le choc, je m'étalai comme une vieille poupée de chiffon. Les mains en sang, le corps secoué de spasmes, je revenais lentement à la réalité, sans comprendre ce qu'il venait de se passer...
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“La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l'âme, si elle n'échauffe le coeur ; elle doit donc nous servir,
non comme chef, mais comme soldat.”
Herkja Solvidottir
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Il n'y a rien de plus beau qu'un esprit qui se noie dans ses méandres. Un état divin de spiritualité si exaltée que les vérités explorées en deviennent de véritables voyages sensoriels et émotionnels. Ajouter à cela une bribe sanguinaire et voilà un mélange plus excitant et voluptueux que jamais. L'âme transcendée par les visions et les révélations qui en émanent... Je veux qu'elle perde pied, que la garde se laisse aller et se libère de toutes les chaînes qui l'entourent. Un exercice on ne peut plus difficile pour les êtres immortels. Pour les humains, il ne faut pas grand-chose pour atteindre cet état salvateur...
Sa colère est un régal dont je me délecte. Mes mains s'approchent des siennes, aux barreaux juxtaposés à ceux qui lui font blanchir les phalanges. Je bois ses émotions la gueule grande ouverte, sourire aux commissures des lèvres. À quel point est-elle torturée ? Ce petit amas de chair et d'os se révèle des plus intrigants. En tout cas, ce qui doit se passer dans son esprit à cet instant lève le voile sur une personne tourmentée et bercée de secrets. Son visage collé contre les barreaux est si proche que je sens son souffle contre mes lèvres.
Je n'ai pas peur, ou peut-être que si, mais ce sentiment est si exaltant qu'au lieu de la fuir, je la plaquerai contre le mur et l'embrasserai avec fougue ! Moi, folle ? Non. Elle, par contre, complètement. C'est d'ailleurs ce qui commence à me plaire, un peu trop peut-être... Sa poigne me compresse entre la barrière de métal qui nous sépare l'une de l'autre. Je me laisse faire le plus volontiers du monde. Ses yeux humides, ses tressaillements qui font vibrer son corps d'une rage incommensurable. Va-t-elle me tuer ? Je sens mon souffle se faire court, ainsi maintenue avec force contre les barreaux. Bien sûr, je pourrais aisément me défaire de l'étreinte d'une humaine, mais je préfère être aux premières loges de ce que son voyage lui fait ressentir. Un souhait que je maintenais en retenant le poignet de la huskarl.
De terreur et de stupéfaction, son regard embrumé perdait totalement le contrôle sur ce qui se passait. Je continuais de la maintenir, à vouloir la garder ainsi si proche de moi. Mais, d'un coup violent, elle se détacha de mon emprise. Un élan dont la force m'étonna et me pris de court ! L'humaine chuta et se retrouva par terre. Inquiétant rebondissement, étalée au sol et convulsant, je me demandais si elle allait tenir le choc où y rester.« Hé ! Lève-toi, Hého ! » L'interpelai-je en espérant pouvoir la faire réagir. Derrière ces barreaux, mes options pour lui venir en aide étaient limitées. Et même si je ne portais pas de grand intérêt à la vie des humains, je commençais à l'apprécier, elle. De plus, ses camarades mettraient ça sur mon dos s'il venait à lui arriver malheur... Je n'ai pas besoin de ça.
Sa colère est un régal dont je me délecte. Mes mains s'approchent des siennes, aux barreaux juxtaposés à ceux qui lui font blanchir les phalanges. Je bois ses émotions la gueule grande ouverte, sourire aux commissures des lèvres. À quel point est-elle torturée ? Ce petit amas de chair et d'os se révèle des plus intrigants. En tout cas, ce qui doit se passer dans son esprit à cet instant lève le voile sur une personne tourmentée et bercée de secrets. Son visage collé contre les barreaux est si proche que je sens son souffle contre mes lèvres.
Je n'ai pas peur, ou peut-être que si, mais ce sentiment est si exaltant qu'au lieu de la fuir, je la plaquerai contre le mur et l'embrasserai avec fougue ! Moi, folle ? Non. Elle, par contre, complètement. C'est d'ailleurs ce qui commence à me plaire, un peu trop peut-être... Sa poigne me compresse entre la barrière de métal qui nous sépare l'une de l'autre. Je me laisse faire le plus volontiers du monde. Ses yeux humides, ses tressaillements qui font vibrer son corps d'une rage incommensurable. Va-t-elle me tuer ? Je sens mon souffle se faire court, ainsi maintenue avec force contre les barreaux. Bien sûr, je pourrais aisément me défaire de l'étreinte d'une humaine, mais je préfère être aux premières loges de ce que son voyage lui fait ressentir. Un souhait que je maintenais en retenant le poignet de la huskarl.
De terreur et de stupéfaction, son regard embrumé perdait totalement le contrôle sur ce qui se passait. Je continuais de la maintenir, à vouloir la garder ainsi si proche de moi. Mais, d'un coup violent, elle se détacha de mon emprise. Un élan dont la force m'étonna et me pris de court ! L'humaine chuta et se retrouva par terre. Inquiétant rebondissement, étalée au sol et convulsant, je me demandais si elle allait tenir le choc où y rester.
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La transe s'évaporait, le retour à la réalité se faisait lentement, et douloureusement alors qu'une voix semblait me guider vers la lumière. Peu à peu, je reprenais conscience, peu à peu, je comprenais ce qu'il venait de se passer... Non, je ne rêvais pas, cette charogne avait réussi à m'avoir comme une gosse... Et en plus de ça, les abrutis qui me servaient de collègues l'avaient laissée faire. Oh... Ils finiraient par me le payer cher.
Mais avant de pouvoir hurler vengeance, je devais me remettre sur pied, ce qui paraissait plus compliqué à faire qu'à dire.
"Argh..."
J'avais l'impression d'avoir été rouée de coups en plein désert tant la soif me rongeait le gosier. La gorge sèche, la bouche pâteuse au gout de sang, je roulais sur le côté, tremblante pour tenter de m'asseoir.
"Sale... pétasse..." grognai-je dans ma barbe à l'attention de celle qui se trouvait derrière les barreaux. "C'était marrant, hein ?"
Finalement, je trouvai refuge sur le mur d'en face, positionnant mon dos contre pour enfin trouver un moment de repos. J'étais une larve, certes, mais une larve rongée par la haine dont le regard assassin ne quittait pas mon ennemie...
"C'était quoi, ça ?"
Ma voix est rauque, en colère, mais en même temps... teintée d'une certaine curiosité... Qui est-ce que j'avais vu dans tout ce bordel ? Qu'est ce qui avait été vrai ou faux ? Je ne savais pas si mon bourreau allait me répondre, mais je nourrissais l'espoir qu'elle le fasse. Elle me devait bien ça non ? D'autant plus que... même si je me retrouvais dans un état lamentable, j'avais comme l'impression d'avoir ouvert une porte sur une vérité cachée.
Ou alors était-ce encore les sombres effets de ce qu'elle m'avait donné... ? Toujours entre deux eaux, mon esprit avait du mal à faire la différence entre le cauchemar et la réalité... Je savais où je me trouvais, qui j'étais, mais, j'étais incapable de dire avec certitude en quelle année nous étions et si ma soeur s'était vraiment trouvée ici quelques instants plus tôt.
Saloperies d'immortels.
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Le courroux vengeur de la bondi se lisait dans son regard. Blessée dans son orgueil plus qu'en personne. Elle ferait une bonne einheri. Ou pas. Les humains ont ça pour eux de combiner tous les pires défauts en étendard. Pourquoi se priver d'être les pires créatures qui soient, quand on n'a aucun pouvoir, aucune puissance, aucun avenir. Tels des insectes, ils ne sont bons qu'à se reproduire et à faire vivre - ou, depuis quelques siècles, mourir - l'écosystème qui les entoure. Contente d'avoir eu mon jouet pour la soirée, je n'allais pas dépasser outre mesure les limites de ce qu'on m'accorde de faire ou non. Si je finis par sortir de ces grilles à chaque fois qu'on m'y enferme, c'est bien parce que je flirte avec cette frontière.
Les vaines insultes de l'huskarl me font sourire. Une bonne tête à malmener ; celles qui se défendent, qui tentent de mordre même plus gros qu'elles. La frustration de sa faible force comparée à la mienne, de sa fragilité face à la nature jötunn qui me préserve de la considérer comme une quelconque menace... Ce doit être humiliant pour une créature qui tente à ce point de faire partie de notre monde.« Ce que c'était, ça ? Très marrant, comme tu l'as dit , lançai-je avec fierté. Il y a tant de choses que les mortels ignorent... Pourtant, tu ne sembles pas nouvelle à Everlasting. Peut-être qu'en plus d'être faibles, les bœndr sont aussi particulièrement lents quand il s'agit d'apprentissage. Haaa... » soupirai-je avec amusement.
Je me mordille les lèvres. Détentrice de vérité et de connaissances qui ferait se languir la pseudo-gardienne.« Veux-tu refaire ce voyage pour mieux le comprendre ? » En lui proposant cette invitation, je sors d'une couture doublée une sorte de petite graine ovale, brunâtre. Présenter au creux de ma main telle une offrande, mon regard se fait malicieux. J'ai bien envie de lui laisser une chance de saisir ce bijou de la nature. De voir ce qu'elle en fera. Cette nuit ou un autre jour. L'utiliserait-elle pour le savoir ou pour s'en prendre à quelqu'un ?
Amusée par la faculté de l'humaine à s'intéresser aux causes de son état plutôt qu'à la colère qui l'anime, ça me laisse à croire que son crâne n'est pas totalement vide.« Plus que le "quoi", je me concentrerai sur le "et si". Et si tu y retournais ? Et si tu l'essayais sur un autre ? Et si tu enquêtais toi-même pour en savoir plus sur sa provenance, sa récolte ? Une bondi aurait bien besoin d'armes efficaces pour survivre à Everlasting. Je suis déjà très étonnée de te voir à une telle place sans avoir ne serait-ce qu'un semblant de protection pour nous faire face... » Mon ton se fait dédaigneux, presque hautain. Si ressemblants et en même temps si différents... Les humains sont un vivier à expériences. Pourquoi avons-nous œuvré pour leur ressembler ? Ou plutôt, pourquoi Embla et Ask nous sont si ressemblants ? Je déteste me dire que nous faisons partie du même monde que ces créatures parce qu'on leur ressemble. Faibles, fragiles, insipides, sans valeur aucune. Leurs convictions n'ont aucun véritable poids. De simples pions utilisés pour les guerres des uns et des autres. Des conflits parfois si minimes qu'ils en sont pittoresques.
Je n'ai nul grief particulier envers les mortels. Simplement un manque cruel de considération. Pour moi, ils servaient d'échauffement avant les vrais combats. Même si certains savaient tirer leur épingle du jeu, aucun ne m'inspirait le moindre respect.
Les vaines insultes de l'huskarl me font sourire. Une bonne tête à malmener ; celles qui se défendent, qui tentent de mordre même plus gros qu'elles. La frustration de sa faible force comparée à la mienne, de sa fragilité face à la nature jötunn qui me préserve de la considérer comme une quelconque menace... Ce doit être humiliant pour une créature qui tente à ce point de faire partie de notre monde.
Je me mordille les lèvres. Détentrice de vérité et de connaissances qui ferait se languir la pseudo-gardienne.
Amusée par la faculté de l'humaine à s'intéresser aux causes de son état plutôt qu'à la colère qui l'anime, ça me laisse à croire que son crâne n'est pas totalement vide.
Je n'ai nul grief particulier envers les mortels. Simplement un manque cruel de considération. Pour moi, ils servaient d'échauffement avant les vrais combats. Même si certains savaient tirer leur épingle du jeu, aucun ne m'inspirait le moindre respect.
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Cette saloperie de jötunn m'exaspérait. Mais en même temps. Elle me fascinait. Quel paradoxe. J'avais la haine, la rage au creux des veines, mais la curiosité me rongeait l'âme alors que la réalité reprenait ses droits.
La prisonnière se foutait de moi, elle pouvait, vu dans l'état je me trouvais. Pourtant, ses mots agaçants vinrent me faire douter. A tel point que je restais là, à fixer ce qu'elle me tendait, tout en écoutant sa voix horriblement envoutante.
Et si, j'y retournais... ? Est-ce que j'allais apprendre des choses ? Si oui, est-ce que j'étais prête pour ça ?
Oh oui, je l'étais. Je l'étais tellement qu'une idée des plus saugrenues vint pourrir mon cerveau malade.
"Tu m'donnes ça, et j'te sors."
Ma voix était aussi glaciale que sérieuse, mes yeux perçaient à présent les siens. Je devais donner l'impression d'être démente, et pourtant, je ne m'étais jamais sentie aussi... sûre de moi, même si ça venait mettre en péril ma place d'huskarl. Une place que je remettait complètement en question après avoir compris qu'on venait de me tendre un piège...
Est-ce que la jötunn allait me rire au nez ? Sûrement. Mais je ressentais le besoin de replonger dans cet univers cauchemardesque et douloureux, même si ça mettait ma vie en danger. Si c'était le prix à payer pour découvrir la vérité, alors j'étais prête... Mais... Peut-être pas ce soir. J'en tremblais encore, il ne fallait pas abuser.
"J'veux r'commencer... Demain."
Je chuchotais, autant pour moi que pour elle, sans trop savoir ce que j'allais avoir comme réponse. Au pire des cas, je pouvais enquêter sur cette chose qu'elle venait de me filer... Mais comment trouver une drogue qui plonge dans une transe au point de découvrir tous les mystères du monde ? On allait me prendre pour une dingue...
Non... Cette prisonnière était la seule à pouvoir me fournir ce que je désirais.
*Fait chier*
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Une huskarl dépassée, c'est amusant à observer. Délectée par ses actions et réactions, je frémis de l'intérieur. Quel doux sentiment que ce soit d'avoir le pouvoir, même enfermée entre ces barreaux. Ils paraissent alors insignifiants, quasi inexistants. Intéressant.
La transe dans laquelle la garde s'est retrouvée semble l'avoir poussée dans des retranchements qu'elle s'ignorait. La curiosité, l'aventure ou la bêtise pure et simple ? Peu importe sa motivation, je vois l'envie naître au creux de ses pupilles perçantes.
Un immense sourire décolla mes lèvres, déployant mes dents et démontrant mon allégresse face à son ordre. Un billet de sortie fort aisément acquis ! Cette petite chose attise ma soif de savoir. Son assurance et sa détermination me vont droit au ventre. L'humaine est plus coriace qu'elle en a l'air si son souhait est de repartir aussi vite dans les vagues tempétueuses de son subconscient. De quoi s'attirer un morceau de mon respect. Ses mains tremblantes trahissaient-elles une addiction naissante ou l'adrénaline d'une découverte bouleversante ?
Demain. Elle veut remettre ça, demain.
Ma bouche se referme, mais mon sourire persiste jusqu'aux oreilles.« Une bonne nuit de sommeil pour la fragile petite mortelle. Tant que tu m'ouvres cette grille, peu m'importe. Je pourrais même veiller sur ta frêle carcasse si tu le souhaites ! » Une générosité sincère. Mon visage collé aux barreaux, désireux de s'approcher encore plus du sien. De sentir sa chaleur, son odeur. Comme si cela pouvait me faire partager une part de ce que toute cette expérience provoquait en elle. « Prends-la. Je te l'échange contre ma liberté et... un baiser. » Toute chose se paye. Si elle veut vraiment voyager, alors la voici contrainte à m'offrir une part d'elle-même. Symbolique, mais concrète à mes yeux. Comme si j'avais le dessus sur la négociation. Malice en plein visage, je trépigne d'impatience de voir ces barreaux s'ouvrir et de la savoir repartie en voyage.
La transe dans laquelle la garde s'est retrouvée semble l'avoir poussée dans des retranchements qu'elle s'ignorait. La curiosité, l'aventure ou la bêtise pure et simple ? Peu importe sa motivation, je vois l'envie naître au creux de ses pupilles perçantes.
Un immense sourire décolla mes lèvres, déployant mes dents et démontrant mon allégresse face à son ordre. Un billet de sortie fort aisément acquis ! Cette petite chose attise ma soif de savoir. Son assurance et sa détermination me vont droit au ventre. L'humaine est plus coriace qu'elle en a l'air si son souhait est de repartir aussi vite dans les vagues tempétueuses de son subconscient. De quoi s'attirer un morceau de mon respect. Ses mains tremblantes trahissaient-elles une addiction naissante ou l'adrénaline d'une découverte bouleversante ?
Demain. Elle veut remettre ça, demain.
Ma bouche se referme, mais mon sourire persiste jusqu'aux oreilles.
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Elle était détestable et pourtant, j’avais cruellement besoin de son aide pour avoir des réponses à mes questions. Le Diable incarné, cette jötunn emprisonnée, et pourtant libre de jouer aux empoisonneuses… Mes dents se serrèrent à nouveau, en même temps que mes poings autour de ses barreaux. Mon esprit encore perturbé n’était pas assez stable pour prendre une décision réfléchie… Tout ce dont j’avais besoin était entre ses mains de crasseuses. Et le prix à payer était très élevé.
Une sortie, et un baiser. Un combo infernal après ce qu’elle venait de me faire vivre la petite garce. Pour sûr, mon égo allait en prendre un coup, mais j’allais m’en remettre, à ma façon.
“Tsss. T’as pas interêt de m’la faire à l’envers.” pestai-je dans ma barbe en allant débloquer la serrure machinalement tout en continuant de dévisager la prisonnière d’un oeil vitreux et mauvais.
En silence, et lentement, j’ouvris alors la porte, brisant le mur qui nous avait séparées durant tout cet échange aussi étrange que violent. Entre haine intense et peur incontrôlée, je restai droite, la tête haute, comme si je pouvais me payer le luxe de toiser une immortelle. De toute manière, et après ce que je venais de vivre, j’avais comme l’impression de ne plus rien avoir à perdre.
Pourtant, mes lèvres se retroussèrent lorsque je pris conscience qu’il était l’heure de me plier à la seconde exigence de la jötunn. Si je me montrais rapide et dégoûtée, elle allait sûrement me faire recommencer pour m’emmerder jusqu’au bout… Non. Pour la prendre à son propre jeu, il fallait que je la marque à mon tour. Et rien de tel qu’un baiser faussement passionné pour mener à bien mon plan. Même si, je devais bien l’avouer, je n’étais pas vraiment une professionnelle dans le domaine.
Alors, après quelques secondes de réflexion intense basée sur des expériences fougueuses passées, je m’avançai d’un pas pour aller emprisonner son faciès, pas si moche que ça en réalité, entre mes mains, puis l’embrassai farouchement, les yeux fermés.
Un court instant, mon cerveau vrilla, sans doute les effets secondaires de la drogue combinés à cet acte qui allait contre tous mes principes. D’ailleurs, je finis par me détacher de la tortionnaire, sans vraiment pouvoir affirmer que j’avais mené à bien ma manœuvre, un peu paumée face au flux d’émotions négatives étouffées par mon geste.
Sans dire un mot après cet échange qui avait puisé dans mes dernières forces mentales encore “saines”, je lui tendis ma main, faisant un geste qui voulait clairement dire “file moi ça maintenant”. J’avais assez perdu de temps avec ses conneries.
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